Les vacances c’est bien sympathique mais se loger et se nourrir peuvent représenter un budget conséquent que tout le monde ne peut pas se permettre. Il existe pourtant une formule qui inclut toutes ces menues dépenses : les vacances dans la famille. En plus de procurer à votre mère le bonheur de vous préparer à manger et de faire votre lessive comme au bon vieux temps, vous renouerez avec les grasses matinées qui se prolongent jusqu’à l’heure de l’apéro et des repas non-surgelés. Le tout en faisant de substantielles économies ! Mais cette parfaite symbiose peut être gâchée par une chose à priori insignifiante : les enfants.
Curieusement, certains membres de votre famille qui n’ont pas vos idées hédonistes ont décidé de se reproduire. En tout cas ils prétendent l’avoir fait volontairement. La situation peut aussi se présenter en partant avec des amis, mais comme vous les avez choisis vous ne pouvez que vous en prendre à vous-même. Toujours est-il que l’idée même d’une grasse matinée est maintenant à oublier. Les concepts de vacances et d’enfants, pourtant souvent associés, sont profondément antinomiques. Les repas seront compromis par les hurlements incessants, les aliments volant de part et d’autre de la table, ainsi que les baguettes de pain intégralement léchées par des marmots au plus grand émerveillement de leurs parents lobotomisés. L’ambiance générale frôle celle d’une voiture TGV de seconde classe.
Alors que les vacances sont l’occasion de se tremper, l’utilisation d’une éventuelle piscine ne pourra se faire qu’à des horaires soigneusement choisis pour éviter les arrosages intempestif et toute pollution sonore frôlant les ultrasons. Attendre la sieste (aussi appelée cessez-le-feu) ne résoudra pas la question de l’important volume d’urine déversé dans le bassin, toujours avec la bénédiction parentale.
La maison que vous pensiez connaitre se retrouve sens dessus dessous : les objets soi-disant tranchants disparaissent, tous les fruits sont à moitié mangés, le sol est encombré d’objets sournois et de formes de vie inaptes à la communication et au compromis. Soulever le couvercle de la poubelle pleine de couches vous fera envier les Syriens gazés !
À un certain moment pourtant, vous vous retrouvez sans comprendre au calme parce que tout le monde est parti à ses occupations. Alors que vous goûtez le fait que tout ne soit qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté, une toute petite voix s’échappe des toilettes : "j’ai fini de faire caca !". Cette information, que l’on ne partage généralement pas entre adultes, monte peu à peu au cerveau et prend douloureusement tout son sens. Vous avez beau regarder autour de vous, chercher une personne responsable de cette situation grotesque, mais il n’y a personne. Cet appel à se munir de papier toilette et à passer votre main entre les fesses souillées d’une tierce personne s’adresse donc à vous. Tel un héro de tragédie dont le destin est scellé, vous avancez résigné, tentant de vous couper de vos sens, vers une épreuve traumatisante qui ne vous apportera aucune reconnaissance. Et vous comprenez que les vacances sont finies au moment où vous vous dites intérieurement que vous préféreriez largement être au travail.
Les vacances d’été ont été inventées pour que les enfants se reposent, et les colonies pour que les parents se reposent. Emmener ses enfants en vacances, c’est renoncer à se couper du stress permanent, c’est comme prendre son téléphone professionnel avec soi, sauf que les enfants sonnent toute la journée et que la communication est brouillée et inaudible. Mon conseil : enlevez la coque arrière de vos enfants, retirez la batterie, et vous passerez ainsi d’agréables moments sans gâcher les précieuses vacances de votre entourage.
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