Admire ma connerie !

11 octobre 2013 by Guillaume

S’il y a bien une chose qui me plaît dans le fait de bosser dans la télé – à part d’être honteusement surpayé – c’est la diversité. Chaque jour aller bosser dans un endroit différent, avec des gens différents, pour des émissions différentes. Je ne pourrais pas envisager de me lever tous les jours à la même heure, prendre le même métro et retrouver les mêmes collègues que je finirais par voir plus que mes enfants si par un improbable accident il m’arrivait d’en avoir. Cette vie saine et équilibrée me tuerait. Mais changer de lieu de travail tous les jours peut être dur à gérer pour un cerveau rongé par les excès.

Mars 2007 : après un CDI de 14 mois j’ai démissionné, attiré par la promesse d’un salaire moindre et d’un planning délirant fourni une semaine à l’avance. Les premiers temps de mon nouveau travail étant consacrés à la découverte du fonctionnement de l’entreprise, on me donna rendez-vous la deuxième semaine dans un studio où j’avais déjà eu l’occasion de mettre les pieds à une sombré époque de ma vie, quand je faisais public d’émissions pour occuper mes journées. Confiant, je me présentai donc au studio 233 pour constater que le plateau était en cours d’installation et qu’il n’y avait aucun tournage prévu ce jour-là. N’ayant encore aucun numéro de téléphone, je me rendis à pieds aux bureaux de mon nouvel employeur par ce qui s’est avéré être l’itinéraire le plus stupide et incohérent qui soit. À l’époque les téléphones portables avec GPS n’existaient pas et j’évitais de sortir dans un lieu inconnu sans avoir au préalable imprimé un plan sur Mappy car Google Maps n’existait pas. En fait, rien n’existait en 2007.

Une balade dans le 9-3 sur mes heures de travail.

Une balade dans le 9-3 sur mes heures de travail.


Bref, j’arrivai enfin à un bureau où on m’expliqua avec une gentillesse légèrement condescendante qu’il y avait deux studios dans le bâtiment et que j’étais allé au 233A au lieu de 233B. Je demandai le chemin le plus court et j’envisageai un instant de prétendre l’avoir emprunté à l’aller, mais cela aurait impliqué que j’étais arrivé très en retard ou bien que j’avais passé quinze minutes à chercher en vain ce studio de 200m² qui était sous mon nez. J’ai préféré admettre l’humiliante vérité, ma crédibilité étant de toute façon sérieusement compromise.
Le lendemain, décidé à me rattraper, je pris le RER sans lire les indications et me retrouvai dans un direct pour Roissy, ces directs qui ne passent jamais quand on veut effectivement se rendre à l’aéroport. Le temps de faire demi-tour, dans un omnibus cette fois, j’avais déjà une heure de retard.

Qui aurait pu imaginer qu'il y  avait deux studios ?

Qui aurait pu imaginer qu’il y avait deux studios ?


Malgré cet épisode désastreux, ma période d’essai ne fut pas interrompue et je passai les années suivantes dans cette boite jusqu’à ce que la DRH me dise droit dans les yeux que je méritais effectivement cette augmentation qu’on m’avait promise à l’embauche, mais qu’elle n’avait pas le budget et que de toute façon je gagnais déjà pas mal avec les heures sup. L’incident du lieu de travail ne se reproduisit jamais jusqu’à un matin d’octobre (la semaine dernière donc) où, persuadé qu’une émission se tournait à La-Plaine-Saint-Denis je me suis retrouvé à une heure de trajet de mon lieu de rendez-vous, et encore si j’avais pris le périph avec mon vélo. Je fais pour mes journées comme pour mes articles et je n’insiste pas quand c’est mal démarré ; je suis retourné me coucher.


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