En ce mois de juin, de nombreux/ses lycéen(e)s se demandent ce qu’ils vont faire à la rentrée et s’ils vont enfin perdre leur virginité cet été. Concernant cette dernière question, ben je peux pas être partout, mais pour la première je vais leur faire partager mon expérience.
La société, vos parents, le premier ministre, tout le monde vous le dira : il faut faire des études, même si les plombiers gagnent mieux leur vie que les généralistes. Non, les études c’est important, parce qu’après on ne peut plus sortir tous les soirs de la semaine, on ne peut plus considérer comme optionnel de se lever le matin, et on ne peut plus faire des manifs sans en connaître le motif. J’ai moi-même fait des études utiles, mais les jugeant trop courtes j’ai pris un peu de répit avant, et j’ai fait un passage à l’Université Paul-Valéry Montpellier III. J’aurais aimé interroger quelqu’un qui y a fait tout un cursus, mais je ne fréquente des gens qui ont un travail. Cependant mon année d’observation oisive me semble suffisante pour informer les jeunes de ce qui les attend.
Il y a moult prétextes pour aller se reposer en fac de lettres après une année stressante de terminale, ou plusieurs. Ceux qui ont le moins d’imagination iront moisir en Histoire ou en Philo, mais je fais partie de ces aventuriers qui pensent que quitte à faire des études improductives d’un point de vue pratique, autant y aller à fond. C’est donc une première année d’Arts du Spectacle que j’ai eu le bonheur de suivre, même si l’intitulé colle moyennement à la réalité. En effet, comme on sait que moins de la moitié des étudiants passe en deuxième année (parce que bon, c’est bien gentil de déconner mais faut bien faire quelque chose à un moment), la fac a prévu des espèces de sortie de secours si jamais ils veulent se réorienter au milieu de l’année sans avoir à tout recommencer à zéro. Il y a donc une matière "découverte", un peu comme si au resto on vous mettait un bout de poisson avec votre steak, au cas où vous trouveriez ça meilleurs. Il faut aussi choisir une langue et se former à la "méthodologie du travail universitaire", ce qui fait que sur les douze heures de cours hebdomadaires, ça ne laisse plus grand chose pour l’Histoire de l’Art et autres trucs en rapport avec le titre de la formation.
L’université, c’est aussi un peu la maison qui rend fou dans Astérix, caricature d’une bureaucratie qu’on peut qualifier de Kafkaïenne même si peu d’étudiants ont effectivement lu Kafka. Le plus dur à faire, mais aussi à croire, c’est qu’une fois passé le premier semestre il faut en quelque sorte se réinscrire pour le second et pour cela, il faut faire ce que tout étudiant en université redoute : se rendre au secrétariat de la mort !
Généralement ouvert quatre heures par jour et situé dans un étroit couloir où s’entassent des étudiants hagards, le secrétariat est peuplé de créatures hostiles, ne comprenant pas qu’elles s’adressent à ce qui était il y a peu de temps un fœtus lycéen, à présent perdu dans l’immensité de la vie étudiante et ses tentations. Il faut savoir que rien n’est interconnecté à la fac : les UFR ne se parlent pas entre elles, sont divisées en départements qui ne communiquent pas, et dont les différentes matières sont indépendantes. Ce qui fait qu’il faut dans un premier temps s’inscrire aux partiels, et dans un second temps s’inscrire aux cours qui correspondent.
La stratégie que je conseille, c’est de choisir les cours en fonction des horaires, quitte à ne pas forcément suivre ceux pour lesquels on va passer des examens. En condensant sa semaine sur trois jours et demi, on peut ainsi se retrouver à aborder l’approche socio-esthétique de la marionnette, ou à passer un partiel de notions d’hygiène de vie pour lequel on n’a suivi aucun cours, ce que les nuits blanches et le mono-régime de pâtes attestent.
La fac de lettres, c’est un peu comme coucher avec sa cousine : ça va quand on est jeune mais au bout de quelques années ça devient malsain de s’accrocher. Mais c’est reposant et intellectuellement gratifiant (je ne parle que de la fac là, la métaphore est finie!) puisque même en suivant mes conseils on peut réussir une année. L’université est généreuse : si vous foirez en juin, revenez en septembre. Et dans mon cas, si vous loupez le rattrapage parce qu’un prof est en retard, magouillez pour passer le re-rattrapage par mail en décembre ! Entre ça et des erreurs de notation en votre faveur, vous pourrez sans doute obtenir un diplôme et devenir, qui sait, prof d’université !
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