C'est vrai, je vis avec des Japonais absents, dans un loft avec des mini-murs en carton, sans gaz ni eau chaude (jusqu'à ce matin, youpi!), dans un quartier sordide. C'est vrai, j'ai dû attendre le départ de Ai pour récupérer une lampe et un oreiller qu'elle avait laissés, ce qui m'évitera de continuer à dormir la tête sur un pull roulé en boule. Ça fait pas vraiment rêve américain tout ça, mais il faut quand même relativiser. Non, je parle pas de l'armée de clodos dans ma rue, eux ça va ils ont leurs caddies ; je pense plutôt aux colocataires qui ont encore moins de chance que moi. Ou qui sont encore plus cons ou désespérés.

J'ai vu pas mal des annonces pourries ou déjantées sur Craigslist. D'abord en cherchant un logement avant de partir, puis après être arrivé dans ce taudis - jusqu'à ce que je me résigne à accepter mon destin. Et comme aujourd'hui je n'ai une fois de plus rien fait, je vous offre une petite sélection des différents types d'annonces de colocation qu'on peut trouver à Los Angeles.

Attention : les liens pointent vers des annonces qui ont pu être supprimées entre temps.

Le trentenaire branché : Il s'appelle Steve*, il a 34 ans, il est cool parce qu'il bosse dans la musique et qu'il partage son magnifique duplex avec toi pour environ 1000$. "Environ" parce que s'il trouve quelqu'un de sympa, le loyer peut être un peu souple "mais pas autant qu'un prof de yoga". Trop lol Steve ! Donc si tu es sérieux et que tu bosses, tu peux emménager avec lui. Tant que ton métier n'implique pas de demander "vous voulez des frites avec ?".

Les alcooliques repentis : Il doit y a un gros problème d'alcool en Californie, parce que le plus simple pour trouver un logement abordable c'est peut-être de prétendre que tu as arrêté l'alcool et que tu veux retrouver une vie normale. Chaque jour, il y a plus d'une centaine d'annonces pour des sober living houses, pour hommes ou femmes. Ma préférence va quand même à celle-ci, qui accueille à bras ouverts les vétérans.

Le pervers : Pour ce type d'annonce, les exemples ne manquent pas. Le schéma est presque toujours le même : "Offre sérieuse pour FEMME seulement. Vous voulez économiser ? Chambre gratuite pour célibataire. Un arrangement facile et discret peut être fait"
Là où le mec qui a posté cette annonce est plus marrant - et honnête - c'est quand il exige d'inclure des photos dans la réponse en précisant "si c'est trop demander, alors le loyer aussi".

Les libertins : Dans la vie il n'y a pas que des mecs qui veulent rentabiliser leur chambre d'ami en économisant une prostituée. Il y a aussi ceux qui veulent pimenter leur vie comme ce couple de même pas 30 ans qui propose aimablement d'héberger une fille "open minded" dans leur appartement d'une chambre. Les conditions ? Être ouverte d'esprit en ce qui concerne l'intimité (à 3 dans une chambre, ça allait sans dire), et "ouverte à la découverte du fun sans engagement une fois les lumières éteintes". Je me demande combien de filles vont se retrouver dans la rue au milieu de la nuit après que ce couple ait expérimenté son petit fantasme.

La fauchée : Elle louait une chambre avec son copain, mais ils se sont séparés et ce dernier se casse. Du coup elle ne peux plus payer le loyer toute seule et elle cherche quelqu'un qui veut bien payer 430$ pour partager une chambre avec elle et ses deux clébards. Moi je dis bien fait !

La psychopathe : Elle se définit dans son annonce comme une "lesbienne féministe végétarienne écolo athée anarchiste" et ses hobbies sont "l'art, la cuisine végétarienne, regarder des documentaires, s'amuser avec ses chats et fumer de l'herbe". Elle recherche un colocataire activiste avec en gros le même profil. J'ai presque envie de me proposer !

* prénom fictif, en fait j'en sais rien