300 jours aux USA

J'ai passé quelques soirées étranges depuis que je suis arrivé ici, mais je pense qu'aujourd'hui j'ai battu mon record personnel. Je vous préviens c'est du lourd, alors éloignez les enfants parce qu'en plus ça va être illustré. J'en profite pour rappeler qu'en cliquant sur les photos on peut les voir en grand. Si on a envie.

Un mec qui aime bien les endroits insolites m'avait parlé d'un bar de North Hollywood appelé CIA pour California Institute of Abnormalarts où ils ont la momie d'un clown français du 19ème siècle. Ce soir, quand le couple d'Allemands que j'ai rencontré il y a quelques jours m'a appelé pour pour me demander si en tant que "local" j'avais une sortie à leur proposer, c'est le seul endroit auquel j'ai pensé.

Après une demie-heure d'autoroute sous une pluie torrentielle - car oui, il déluge ce week-end, c'est n'importe quoi - nous arrivons devant un bâtiment assez discret, avec des petits lampions rouges et une enseigne non éclairée. De l'extérieur ça ressemble plutôt à une maison close et d'ailleurs l'entrée n'est pas évidente à trouver, derrière un portail au fond de ce qui ressemble à un garage privé. Le mec dans la petite cabine grillagée nous demande 20$ pour rentrer, ce qu'on n'avait pas prévu. Mais c'est parce que ce soir il y a un freak show, et qu'ils viennent spécialement de Las Vegas. Ça n'est pas un super argument parce qu'on vient de beaucoup plus loin mais après concertation on décide d'y aller quand même.

Petite journée aujourd'hui. J'ai amené Parrish au bureau des pleurs. J'ai pas exactement saisi la finalité de l'organisme mais c'est pas loin d'être officiellement ça. Comme il doit payer 500$ de PV de stationnement pour avoir le droit de conduire sa voiture à nouveau, il essaie de les faire sauter ou au moins remettre à leur montant initial. Et pour ça il arrive à ce guichet à l'heure de la fermeture pour parler pendant une demie heure de ses problèmes personnels : perdu son travail, perdu sa maison, squatte chez des amis...

Je dirais pas que ça a marché parce que tout ce qu'il a réussi à faire c'est dépenser 7,50$ de plus pour me payer le parking pendant qu'il s'occupait de ça, mais quand même je trouve qu'il faut avoir pas mal de culot pour aller raconter tous ses problèmes, parler de dépression, et de trucs personnels qui n'ont rien à voir ("j'étais au mariage de mon ami Trévor à San Diego...") pour faire sauter ses PV.

Mais ça ne m'a pris que l'après-midi et le soir je suis allé à un Comedy Club. Rien à voir avec le Jamel Comedy Club : là ce sont des petites pièces avec quelques comédiens, et pas juste un seul mec sur scène ressassant les mêmes blagues racistes alors qu'elles auraient beaucoup plus de portée s'il les faisait sur ceux qu'on n'aime vraiment pas. Vous voyez desquels je parle...

Ceci dit, ça ne volait pas très haut non plus. La première pièce était sur des personnes qui ne se connaissent pas invitées dans une maison, et qui sont tués un par un. Scénario cliché, personnages clichés, mise en scène qui joue avec les clichés mais pas assez pour que ça ressemble à du second degré. Je me serais bien amusé à jouer ça devant mes parents à la fin de la colonie de vacances.

La deuxième était pas terrible d'après les gens avec qui j'étais, mais comme c'était basé sur des références aux USA dans les 80's alors que je suis né à la fin de cette décennie en France, j'ai raté beaucoup de choses. Mais pour 5$ on va pas se plaindre. En sortant j'ai bu un hot cider au bar à côté. Puis je suis allé me coucher.

Comment ça "c'est tout" ?

J'avais dit que c'était une petite journée !

Après un réveil douloureux suite au repas post-Thanksgiving, j'ai reçu un appel de Parrish me proposant d'aller promener avec les francophones rencontrés à ladite soirée. Bien qu'ils soient très sympathiques (pour des Bretons) j'ai préféré décliner l'offre, jugeant que les 11h passées avec Parrish la veille étaient suffisantes pour le week-end. Certes je n'ai pas été collé à lui pendant tout ce temps, mais quand même, il fallait que je diversifie mes fréquentations.

Ce que j'ai fait en passant l'après-midi à comater dans mes draps sales en regardant des divx et en planifiant mes prochaines vacances - ce qui est paradoxal pour quelqu'un qui approche les deux mois de chômage non indemnisé. Finalement vers 20h un second coup de fil, en Français cette fois, a réussi à me convaincre de braver le froid et l'autoroute pour aller rejoindre Maëlle, Sarah, Alex et Parrish chez Pietro et Luciana. J'ai pensé que l'énumération de prénoms donnerait l'illusion que j'ai plein d'amis.

Je suis sûr que ça va vous décevoir, mais je suis allé à une soirée et je me suis pas fait chier. Ah, ça vous embête, pas vrai ? C'est sûr que c'est plus marrant d'aller sur viedemerde que de lire l'histoire d'un mec qui passe un bon moment. Vous préférez quand je souffre, hein ? Bande de charognards !

Donc ce vendredi soir, je me suis rendu à une soirée, une fois de plus avec des couchsurfers et amené par Parrish. Le concept rejoint un peu celui d'hier, à savoir que ça se passe dans une sorte de galerie d'art (mais j'ai compris par la suite que c'était un loft) et l'intitulé de la soirée est "Pancakes & Booze Art Show" ce que google traduit par "Exposition d'art crêpes et boisson alcoolisée". Enfin vous voyez quoi. Donc on paye 5$ pour rentrer et manger des pancakes en veux-tu en voilà, et boire des bières en veux-tu, 5$, en voilà. Puis on regarde les tableaux, pas dégueu par ailleurs (je veux bien qu'on m'en offre un de Marie Barr) et on discute avec des gens un verre à la main.

Si vous avez bien suivi hier, vous devriez vous souvenir que j'ai accepté d'aller à une soirée sans trop savoir ce que c'était. Eh bien ! C'était fort intéressant d'un point de vue... ethnologique.
Dès le début je me doutais que ça serait pas trop mon truc ce French Tuesday, puisqu'on m'avait dit de mettre une chemise, et qu'on me prêterait un gilet. Oui, vous avez bien lu, pour améliorer mes chances d'entrer j'ai du mettre un gilêêêêt. Je sais pas ce qui me dégoûte le plus chez le type qui m'a emmené là : son degré de compromission pour entrer dans cette soirée ou bien son mauvais goût vestimentaire.

- Là je fais une pause dans mon récit parce que mon colocataire est en train de manger très bruyamment à côté, démontrant une fois de plus la longueur d'avance du peuple français en ce qui concerne la classe et l'élégance -

Comme prévu on se sape comme des crétins pour aller à cette soirée très select. Tout ça pour s'enfiler une bouteille de pinard et des bières dans la voiture pourrie de mon pote avant de nous rendre à l'hôtel où a lieu la fête. Mais je suis invité donc je ne fais pas d'ironie.
Par je ne sais quel miracle on se retrouve à l'intérieur en grillant toute la file alors qu'il y a une guest list. Et là on arrive dans un style d'endroit où j'ai pas trop l'habitude de picoler :