J’avais annoncé dès le départ que j’aborderai la culture, toute la culture, et j’ai commencé léger avec cette critique d’une demie pièce de boulevard. Je vous sens prêts à passer au niveau supérieur et aborder l’opéra. Pas un opéra en particulier parce que je veux pas non plus vous perdre, mais l’opéra en général, parce que figurez-vous que j’y suis allé un certain nombre de fois cette année et que donc je maîtrise le sujet, même si c’est loin d’être nécessaire pour que j’en fasse un article.
Tout d’abord, il faut casser une idée reçue : non, l’opéra n’est pas réservé aux vieux riches. On peut facilement trouver des places au tarif abordable de 5 menus Big Mac. Il faut juste s’y prendre à l’avance, être jeune, aimer les strapontins qui grincent et avoir assez d’imagination pour pouvoir se contenter de voir une moitié de la scène.
Pour ceux qui avaient des doutes, c’est bien une vue subjective, pas une vue à la troisième personne. Vous pensiez vraiment que j’avais la nuque aussi propre ?
L’autre reproche q’on fait souvent à l’opéra, c’est que c’est long et chiant. Bon. Tout est relatif. Ce qui est vrai, c’est que la durée n’est en général pas synonyme de narration complexe comme dans Inception de Christopher Nolan (qui est effectivement long et chiant) mais plutôt de répétitions ad libitum comme dans Toute première fois de Jeanne Mas. Pour donner un ordre d’idée, une blague de Toto version opéra pourrait s’étirer sur une bonne heure. Ça permet de laisser vagabonder son esprit sur la liste de courses, ou bien d’apprécier la beauté des vers en allemand sans lire les surtitres : après tout l’opéra n’est pas seulement du théâtre, c’est aussi un concert. D’ailleurs comme dans un vrai concert il y a la queue aux chiottes, mais là c’est moins dû à la bière qu’aux problèmes de prostate.
On peut classer les opéras en deux grandes catégories : ceux où on est cocu et on en rigole, et ceux où on est cocu et on tue tout le monde. Il y a quelques catégories où on tue tout le monde sans être cocu, mais l’opéra sans histoire de fesse est une rareté. Ça peut sembler limitatif mais ça laisse une grande variété de scénarios : un mari trompé qui tue sa femme puis l’amant de celle-ci, une femme qui se tue après avoir été trompée, deux hommes qui s’entretuent pour une femme qui finit par se suicider… Si je devais tirer un enseignement de la vie à partir de l’opéra, ce serait que tout le monde est infidèle, que les femmes sont faibles, et qu’il faut toujours avoir un poignard sur soi. D’ailleurs j’en ai un accroché à ma cuisse en ce moment et je commence à me dire qu’il aurait fallu que je mette un fourreau.
Trois pouces, parce que malgré tout il y a des perles. Si on n’aime pas on peut toujours aller voir Madonna ou Mylène Farmer : c’est le même tarif et y’a de gros décors aussi. Juste des danseurs à la place des choristes, et des t-shirts moulants à la places des queues de pie.