Soirée crêpes

9 août 2012 by Guillaume

Crêpes party

En cette saison au climat si changeant, j’ai décidé d’organiser (et donc de vous faire partager mon avis sur) une soirée crêpes. Quand je dis "décidé", j’entends par là que j’ai invité cinq personnes à dîner et qu’il est manifestement impossible de réunir un tel groupe autour d’un plat qui convienne à tous, ce qui abonde dans le sens de mon article précédent. Les crêpes permettant à chacun de composer son assiette, je me suis dirigé vers cette solution plutôt que de faire un plat comportant chacun des ingrédients boycottés et de le manger devant mes invités avec un sourire narquois, comme je prévoyais au départ.

Certains esprits fins pourraient objecter qu’on est loin de la chandeleur. C’est à cause d’ignobles personnes comme eux qu’on ne trouve pas de galette à la frangipane quarante-cinq semaines par an mais qu’on peut acheter des tomates toute l’année. Je les vomis, et me promet de les faire empaler, sécher, et transformer leur vessie en biniou koz dès la première année de mon mandat. Mais nous détaillerons mes cinq-cent propositions pour la France un autre jour.

Quand je reçois, je ne me fous pas de la gueule des gens, ne serais-ce que pour avoir la légitimité de me plaindre vertement quand ils m’inviteront chez eux – en général une seule fois. C’est pourquoi je n’ai pas acheté de galettes bretonnes sous vide comme un restaurateur indélicat mais j’ai fait ma pâte grâce à un mélange de plusieurs recettes trouvées sur le net.

Rebelle et insoumis de nature, je n’aime pas qu’on me donne des ordres sans les justifier, ce qui est pourtant le propre d’une recette de cuisine. J’ai donc refusé de perdre mon temps à tamiser de la farine, arguant que s’il était utile que la farine soit tamisée, elle serait déjà vendue ainsi. Mon écran n’a rien trouvé à y répondre. Pourtant, la consistance grumeleuse de mon mélange évoquait plus du vomi post-feria qu’une pâte à crêpes. Qu’importe, ai-je lancé à la divinité maléfique des grumeaux, j’ai un batteur électrique ! Malheureusement ce dernier étant sans doute un cadeau de la Redoute fait à ma mère dans les années 90, il n’a réussi qu’à dégager une forte odeur de brulé et à projeter l’essentiel de la pâte sur les murs et sur moi, me confortant dans mon habitude d’être nu lorsque je cuisine ou mange des spaghettis bolognaise. Après m’être résolu à finalement tamiser la pâte restante et à rééquilibrer la quantité de farine, j’étais enfin prêt à accueillir mes invités. Pour couper court à toutes supputations, je m’étais habillé entre temps ; ce n’étais pas ce genre de soirée crêpe.

Pour leur en mettre plein la vue (et le bide) je m’étais préparé à toutes les requêtes en achetant du jambon, de l’emmental, du comté, de la mozzarella di bufala, du chèvre, des noix, du saumon fumé, de la crème fraiche, des œufs, et j’avais même fait griller des poivrons. Je doute que ces efforts aient su être appréciés par ces butors qui ne m’ont demandé que des complètes et des fromages.

4 pouces dis-donc c'est vraiment bien !
Une soirée crêpes, pourquoi pas. Mais gardez à l’esprit que les crêpes sont originaires de Bretagne, une région de sacrifices humains, de bigouden et d’algues vertes : les gens qui s’en nourrissent sont donc des rustres, qui ne méritent que de se faire à manger eux-mêmes avec une crêpière électrique sur la table pendant que vous sirotez dans un coin les innombrables bouteilles de cidre pas cher qu’ils n’auront pas manqué de vous apporter.


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