Les jeux d’arcade, ou comment se délester de son argent

19 juin 2012 by Guillaume

Pacman

Il y a quelques années, lorsque j’étais encore un chiard, je me rappelle avoir taxé des forints partout autour de moi pour jouer d’innombrables parties de Tetris sur une borne d’arcade dans une Hongrie qui sortait à peine de l’époque soviétique. J’avais probablement à la maison deux ou trois jeux électroniques qui faisaient la même chose gratuitement mais quand on est gamin on est con.
Et quand on est grand aussi : c’est là dessus que compte La tête dans les nuages, une salle d’arcade intelligemment située sur les Grands Boulevards, près de l’Opéra Garnier. Un quartier pas cher donc, où on peut aller claquer son argent aussi bêtement que si on achetait un rasoir avec manche vibrant ou de l’homéopathie.

Le premier truc qu’on doit faire en arrivant, c’est acheter des jetons, une unité monétaire qui permet de perdre la notion de l’argent qu’on met dans chaque machine. Un jeton coûte deux euros, mais c’est bien entendu dégressif et vous pouvez faire baisser ce prix d’un quart, à condition de vous en mettre pour 50€, c’est à dire le prix de choses au potentiel divertissant bien plus élevé : deux places de concert, un billet Paris Boulogne-sur-mer, ou un gramme de coke.

Faire des paniers à un mètre ça n'a pas de prix. 2€ chacun.


Une fois qu’on a fait ça et qu’on s’est juré de ne pas tout claquer dans la soirée, on fait le tour des jeux. Ce n’est qu’à ce moment qu’on réalise que si l’unité de base est le jeton, il n’y a presque aucune machine qui se contente d’un seul. Ou plutôt si : les jeux de tir, qui coûtent un jeton chacun, mais auquel on doit remettre un jeton dans les quinze secondes suivant la mort si on veut continuer à jouer après s’être fait tuer par les zombies/terroristes/communistes. Évidemment, dans le feu de l’action, on y va, pour ne pas perdre sa progression, ou pour ne pas abandonner son partenaire, et la machine avale de plus en plus vite (à mesure que le jeu devient plus dur) un salaire durement gagné à la sueur de notre front… Vous me direz, à un moment il faut savoir s’arrêter, mais c’est un peu comme si une superbe prostituée se figeait au beau milieu de sa prestation, et vous disait "c’est 100 bahts de plus pour continuer". Qu’est-ce que vous feriez ? Comme tout le monde : vous glisseriez la piécette dans la main libre du tenancier debout à côté de vous pour achever le travail commencé. C’est humain, c’est un problème d’adrénaline.

Enfin, adrénaline, peut-être pas pour tous les jeux. Si on peut s’amuser à tirer sur tout ce qui bouge, éventuellement dans une voiture qui fait des demi-tours agités (5 jetons), Un jeu d'arcade plus vieux que l'électronique elle-même.on peut aussi faire une pause nostalgie dans la "section rétro", appellation trouvée par un commercial qui trouvait que "cimetière" n’était pas engageant. On y trouve des jeux aussi élaborés que ceux du Nokia 3310, et dont la consommation électrique n’est probablement pas couverte par les rares personnes dont un jeton tombe par erreur dans la fente rouillée par des années d’abandon. Et non, je ne cèderai pas à la facilité de reprendre l’analogie utilisée plus haut.

3 pouces, bien mais pas top.
Difficile de croire qu’à l’époque des Wii, des DS et de Call of Duty, des gens viennent dans un sous-sol pour dépenser des fortunes au air hockey, se ridiculiser sur des machines à danser japonaise, Un jeu de pacman, de 1 à 4 joueurset pourquoi pas (la machine existe, elle doit servir) faire une partie en multijoueur (un jeton chacun) de Pacman, 32 ans après sa sortie, alors qu’on peut le trouver gratuitement sur smartphone, sur pc, etc. Mes contemporains sont aussi irrationnels que moi à 12 ans. Et ça ne m’étonne pas d’eux.


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