Le jour le plus long

21 juin 2012 by Guillaume

La fête de la musique a trente ans

On pense à autre chose, on espère qu’elle n’arrivera jamais et pourtant, chaque année elle finit par frapper. Comme le sida, son origine est incertaine mais le mal est apparu il y a trente ans et n’a cessé d’empirer et de s’étendre autour du monde. On a beau se défendre, tenter d’y échapper, sournoisement elle nous rattrape en envahissant nos foyers mal protégés, ou bien en nous prenant par surprise dans la rue.
Vous l’aurez compris, aujourd’hui c’est la fête de la musique.

Ce soir, dans les rues des grandes villes, des hordes d’étudiants, ouvriers, cadres, chômeurs et autres vont se mélanger, boire jusqu’à en vomir alors qu’on n’est même pas vendredi soir, tout ça au prétexte que c’est la fête de la musique. Drôle manière de célébrer la musique que de lui faire outrage à ce point : massacrer les morceaux des autres en poussant au delà de ses limites une sono dégueulasse, c’est un peu comme si on brulait des drapeaux pour la fête nationale ou qu’on regardait des films de Michael Bay pour la fête du cinéma.

Comme tous les événements spéciaux style nuit blanche, nuit des musées, etc, la fête de la musique permet de mettre à l’honneur quelque chose dont on se fout royalement le reste de l’année. C’est un soir de fête de la musique que j’ai vu à Montparnasse un attroupement autour d’un groupe folklorique péruvien, c’est à dire des Guatémaltèques jouant de la flute de pan. Les gens avaient dû croire qu’ils assistaient à un happening alors que le lendemain les mêmes jouaient dans une indifférence générale au milieu des parisiens allant qui à l’usine, qui au marché, qui au spectacle.
Sans doute ces mêmes personnes qui faisaient la queue derrière moi alors que j’allais voir l’excellent Starcrash de Luigi Cozzi, et qui sont parties après cinq minutes de queue, quand on leur a dit que non, il ne s’agissait pas d’un évènement de la Nuit Blanche. Ils sont sûrement allés au Musée du Judaïsme dont la queue faisait le tour du bâtiment, ce qui est nettement plus sympa que de payer les 6,80€ qu’il coute en temps normal.

Mais je m’éloigne du sujet, car on a bien compris que le fond de cette fête était absurde, alors qu’il suffit de sortir dans la rue pour constater qu’elle l’est sur la forme également. Si vous êtes un peu raisonnable vous resterez chez vous à regarder un bon DivX, pourquoi pas Starcrash justement, mais dans le cas contraire vous assisterez à une ignoble beuverie, où des ados en rupture familiale vomiront sur vos chaussures en daim leur vodka-pomme qu’ils ont trimballée dans des bouteilles en plastique, le tout avec la bénédiction des autorités. Car il faut le dire : si l’idée est de permettre à tous de jouer ou d’écouter de la musique dans une ambiance conviviale, pourquoi pas devant quelques verres, c’est en réalité une véritable bacchanale en plein air avec des musiques assourdissantes mélangées. On a plus de chances de se retrouver au milieu d’une bataille de tessons de bouteilles que d’assister à un concert digne de ce nom. De toute façon Sid Vicious est mort.

Un pouce retourné
Si vous aimez la musique, écoutez-la chez vous ou bien allez à des concerts. Si vous aimez vous mettre la tête à l’envers, faites-le avec dignité et tout au long de l’année, pas avec amateurisme le 21 juin. Si vous avez l’alcool mauvais, restez à la maison et tapez votre femme, après tout elle a dit "et pour le pire" alors que nous on n’y est pour rien.

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