Rendre service #1 : garder un chat

18 avril 2012 by Guillaume

Chat

Comme je suis très serviable et qu’il y a mille et une manières de se faire exploiter par ses contemporains, j’inaugure une rubrique "rendre service" à laquelle il faudra vous reporter pour savoir quoi répondre quand on vous sollicitera. Pour ce premier numéro j’ai gardé un chat, à la fois pour rendre service et parce que j’aime bien les chats, mais pas assez pour passer ma vie à nettoyer leur merde. En garder un quinze jours me semblait un bon compromis, comme une fille stérile qui garderait ses neveux le week-end.

Je ne connaissais que très vaguement le chat avant de le ramener chez moi. J’ignore donc si sa santé mentale était altérée avant d’être transporté dans un sac à dos, mais quand il en est sorti chez moi après une demie-heure de métro, j’ai envisagé d’appeler un exorciste. L’animal a vainement cherché une issue en rampant et en feulant, et a par dépit essayé de se cacher le mieux possible. Il a commencé la journée sur mes chaussettes avant de se réfugier derrière la machine à laver quand l’étagère a cédé sous son poids, ajoutant s’il était besoin à sa rancœur.

Toute la journée il se tapit, et m’observe en silence. Je ne sais jamais derrière quel meuble il se cache mais je sens son regard meurtrier sur ma nuque alors que je tape ces mots. Depuis 48 heures il n’a ni bu ni mangé, et sa litière est intacte, renforçant ce sentiment qu’il n’est pas de notre monde et que ses intentions sont hostiles. Il a déjà gagné la bataille du dressing et je ne me suis plus changé depuis deux jours, mais j’ai peur qu’il étende encore son territoire. J’ai même fait cette vidéo pour vous :

Si ce chat est maléfique, ça reste un chat et un bon coup de pelle dans son sommeil pourra en venir à bout si la menace devient trop grande ; mais un autre personnage a fait son apparition dimanche. Après ma première nuit d’effroi en compagnie de la Bête, je reçois un coup de fil à la fois furieux et angoissé du coloc de celui qui m’a refilé le chat. Il m’explique que c’est celui de leur voisine mais que c’est lui qui s’en occupe, et qu’il aurait donc dû être consulté. Il trouve que ce sont des méthodes de voyou, que je ne sais pas ce que le chat mange, qu’il ne me connaît pas, qu’il pourrait porter plainte (le mec, pas le chat), qu’il est membre de la SPA, et qu’il faut lui donner du thon (au chat, pas au mec). Pour le rassurer, rendez-vous est pris pour mardi.

Le jour venu, je suis apprêté comme pour la visite de la DDASS avant une adoption. Le type arrive, et après avoir ausculté le chat me raconte toute sa vie en détail depuis onze ans, comment il est malheureux chez la voisine, comment il se réfugie chez eux le matin, etc. mais rien sur la possession démoniaque. Je les soupçonne d’être de mèche. D’ailleurs il l’appelle tout le temps "la bête" et semble avoir une relation fusionnelle avec le chat, à tel point qu’il s’introduit par effraction chez sa voisine pour l’exfiltrer ce qui lui vaut des reproches, à sa grande surprise. Au bout de trois quarts d’heure il part acheter de la litière, malgré mon insistance pour qu’il sorte de ma vie à jamais, et revient avec en plus trois boites de thon que je vais sûrement manger à la place du chat. En partant il me lance un "tu seras remercié" qui me fait plus penser à une balle dans la nuque qu’à un coffret Smartbox, et me laisse seul avec le chat qui me regarde d’un air de défi.
Deux pouces, c'est vraiment pas terrible !
Ne gardez pas un chat que vous ne connaissez pas, surtout s’il n’appartient pas à celui qui vous le confie, et gardez toujours un crucifix à la maison.

Cliquez pour noter cet article
[Votes : 0 Moyenne : 0]

2 Comments »

No comments yet.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *