La médecine du travail

6 avril 2012 by Guillaume

Médecin avouant son ignorance

Ayant rendez-vous à la médecine du travail ce matin, j’avais prévu de vous dire ce que j’en pense mais j’avais déjà un avis sur la question. Comme les flics, les médecins choisissent leur spécialité en fonction de leur classement aux concours, et les médecins du travail sont un peu l’équivalent des policiers en faction devant les bâtiments publics. Là, je voulais étayer mes propos avec des chiffres mais il aurait fallu que je fasse des statistiques à partir des résultats au concours, ce qui aurait demandé un effort. Donc contentez-vous de me croire quand je vous dis que médecine du travail c’est pas l’affectation de premier choix.

Ma dernière visite médicale avait eu lieu dans une camionnette. Ou alors c’était mon dernier rapport sexuel ? Non non, c’était bien la médecine du travail, sur le parking de la boite qui avait l’idée saugrenue de m’employer à l’époque. Un fossile, qui avait visiblement plus besoin d’un médecin que moi, m’avait tendu une main inerte pour me saluer, m’avait fait vaguement lire des lettres accrochées au mur derrière lui, puis m’avait présenté un tensiomètre dans lequel j’ai fini par insérer mon bras plus pour maintenir le toubib debout que pour connaitre ma tension. Vu l’état dans lequel il était lui-même, il ne pouvait décemment pas considérer qui que ce soit inapte au travail. Bien que (techniquement) au chômage aujourd’hui, j’ai eu droit à une visite bien différente…

Déjà, le fait qu’il y ait des murs et une surface supérieure à 10m² est plutôt rassurant. Et j’ai passé de vrais tests, tous réussi : les yeux, les oreilles, le pipi, j’ai eu 12/10 à tout ! Mais j’ai surtout découvert la médecine automatique : au lieu d’une nana qui fait lire des trucs en te cachant les yeux, c’est une machine qui te parle et qui te dit "si vous voyez un K, appuyez" puis qui t’imprime les résultats. Pareil pour les oreilles : quand j’étais gamin il fallait lever la main quand tu entendais et le docteur gribouillait des trucs, maintenant tu es enfermé dans une cabine avec un casque, tu appuies sur un bouton et ça te sort une courbe. Finalement, j’ai juste parlé à une secrétaire pour vérifier mes vaccins et à un docteur qui tout en m’auscultant a subtilement tenté de vérifier ma santé mentale mais ne s’est aperçu de rien. Le tout a duré 25 minutes, moins que le temps que j’ai passé au téléphone pour avoir un rendez-vous.

En sortant j’ai eu une idée démoniaque : la visite médicale entièrement automatisée. Le patient arrive, s’identifie avec ses empreintes digitales, vérifie ses vaccins sur un carnet de santé électronique, passe les tests oculaires et auditifs qui existent déjà, puis est orienté automatiquement vers un automate qui pourra vérifier sa tension et le faire pisser dans un gobelet. Pas besoin de personnel surpayé, possibilité d’ouvrir 24/7… que d’améliorations ! Évidemment, j’en vois déjà crier au scandale, souligner le fait que ça ne permet pas de diagnostiquer grand chose, mais les patients sont dans leur immense majorité en excellente santé et ceux qui ne le sont pas n’ont qu’à aller voir un vrai médecin. Ce rêve est à notre portée !

3 pouces, bien mais pas top.
Bon, une note moyenne, parce que malgré l’archaïque présence humaine j’ai été bien reçu, et que je veux réchauffer le cœur de ceux qui quelques heures avant ma visite ont entendu le docteur Philippe de Beaulieu dire sur France Inter "S’il y avait de grands médecins à la médecine du travail ça se saurait : Ducasse, il vend pas des churros à la Foire du Trône !"

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