Les objets connectés

12 février 2015 by Guillaume

Hapikork, la fourchette connectée qui vous donne des stats sur votre mastication...

Tout le monde le dit : les objets connectés, c’est l’avenir. Oui, mais le réchauffement climatique et l’explosion du soleil aussi sont l’avenir, et ça ne veut pas dire pour autant que c’est bien. Alors pourquoi les objets connectés poussent-ils autour de nous telle l’acné sur le visage d’un adolescent autrefois désirable ? Qu’est-ce qui pousse les gens à acheter des objets à l’utilité souvent injustifiable ? Voici une série d’arguments à l’emporte-pièce pour rabaisser vos amis fiers de leur dernier gadget.

Juste parce qu’on peut

Il y a 6 000 ans, Jean-Michel Roue constata que les gens se fatiguaient en portant de lourdes charges et se rendit compte qu’on pouvait les faire rouler. En 2014, Tim Cook apprit qu’on pouvait faire une montre connectée et se rendit compte que les gens l’achèteraient si on dessinait une pomme dessus. Le processus d’invention a sacrément merdé entre ces deux dates.

Si on fait des objets connectés aujourd’hui, c’est surtout parce qu’on a la capacité technologique de le faire. Avant 2010, se demander combien on avait fait de pas dans la journée était considéré comme un symptôme d’autisme sévère. Aujourd’hui de nombreux objets permettent de répondre à cette question cruciale et bien d’autres, comme notre glycémie minute par minute et le pourcentage de CO2 dans la salle de bain – oui, mon pèse-personne fait ça. Parce que j’en ai besoin ? Non ; parce qu’il peut le faire, simplement.

Le pire, c’est que les Apple Watch à 400 boules ne sont même pas la partie la plus conne de cette mode. On peut comprendre l’intérêt du plug annal radiocommandé (il est toujours inélégant d’avoir une rallonge USB qui sort de la culotte au travail), mais posséder une gourde connectée pour rester hydraté ou bien une fourchette qui vous gronde quand vous mangez trop vite est l’équivalent virtuel de retourner vivre avec sa mère sur-protectrice. Alors pourquoi les adultes de 2015 se ruent sur ces gadgets comme les enfants de 1995 sur des pogs ?

Brosse à dents connectée

La brosse à dents connectée : un sablier à 80€

Trop de pognon – vite, jetons-le!

On a beau entendre tous les jours des gens se plaindre qu’ils n’ont plus d’argent à cause de la crise ou de François Hollande, tout ça reste relatif. Il suffit de lire la rubrique Votre porte-monnaie au rayon X sur Rue89 – ou plus simplement de discuter avec une quelconque profession libérale – pour se rendre compte que ces gens, après avoir payé leur loyer, leurs impôts, leur essence, leur salle de sport, leurs fringues, leurs sorties, leur femme de ménage et leur bouffe, n’ont plus que quelques centaines d’euros pour vivre au quotidien. C’est terrible. On ne peut plus s’acheter qu’un modèle d’iPhone sur deux maintenant !

Alors qu’il y a mille bonnes façons de dépenser son argent – en s’abonnant à un journal plutôt que de lire 20 minutes par exemple, ou encore en me le donnant – la plupart des gens rognent sur les choses essentielles et préfèrent s’équiper. S’équiper, ça veut dire acheter des objets qui ont une fonction (mais pas forcément une utilité) et les entasser pour se donner l’illusion que l’argent qu’on a dépensé est toujours entre nos mains, ce qui ne serait pas le cas avec un concert ou une pute – ou alors pas longtemps.

2/5, une note à chier
Quand ils remplissent des cargos entiers des merdes qu’ils ont fabriquées pour nous, les Chinois doivent bien se marrer. Mais pas trop fort sinon ils chopent un cancer du poumon. De notre côté, si on meurt on recevra une notification "votre cœur ne bat plus, consultez un médecin" et ça nous fera une belle jambe connectée. Tous ces jouets nous amuseront un petit moment puis iront grossir nos montagnes de DEEE. Soit ça, soit le futur ressemblera à celui de Terminator, quand les balances Withings traqueront les gros pour les désintégrer.


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