Je dois avouer que je suis pas contre me taper un bon p’tit KFC de temps en temps. Si vous êtes un peu au courant de la clientèle de la marque, vous en déduirez que je suis un jeune Noir urbain, mais ça ne prouve rien même si c’est statistiquement plausible.
On tombera d’accord qu’en terme de poulet frit on n’a rien fait de mieux (dans le commerce de masse j’entends), surtout pas les nuggets fourrés aux restes de volaille (pattes, becs, plumes) et à la farine transgénique. On peut bien sûr essayer de frire soi-même ses morceaux de poulets dans sa propre panure, ce qui est une excellente occasion d’imprégner son appartement d’une puissante odeur de friture et/ou d’ébouillanter ses amis accidentellement, soi-disant. J’ai essayé.
KFC sait donc faire du poulet, et ils se sont dit qu’ils sauraient faire du poisson ; après tout la cuisine c’est facile, suffit de rouler dans la panure, jeter dans l’huile et servir avec des frites. Sauf que personne ne les a attendus pour faire du poisson panné, et ça n’est pas parce que le Colonel Sanders est hiérarchiquement supérieur au Captain Iglo que son résultat sera meilleur. Y’a qu’à voir comment Pizza Hut a essayé les pâtes : un succès commercial à la hauteur de la réussite gustative.
Pour cet essai, j’ai acheté deux fish tenders puisqu’il faut être bilingue pour commander chez KFC, ses buckets, hot wings, kream ball et autre Str€€t Wise. C’est pas chez nos cousins marrants du Québec qu’on verrait ça, eux qui ont traduit la marque en PFK.
La préposée ne m’a pas dit "y’en a plus" – ce qui chez KFC est assez exceptionnel pour être souligné – et après une attente raisonnable m’a tendu un sachet vide. Je m’apprêtais à protester quand j’ai remarqué une tâche de gras sur le papier, qui semblait indiquer soit que la serveuse (en formation d’après son t-shirt maculé de taches) l’avait essuyé contre son front, soit qu’il contenait quelque nourriture baignée dans l’huile.
Effectivement, au fond du sac se recroquevillaient deux minuscules bâtonnets rabougris par une trop longue cuisson. À vue de nez, il devait bien y en avoir 60 grammes, ce qui à 2,90€ la paire fait un prix au kilo plus proche du saumon fumé bio que du surimi. Pas très str€€t wise. Mais KFC c’est so good comme le proclame leur slogan très recherché, j’ai donc porté à ma bouche ces croutes que seul le ticket de caisse me permettait d’identifier comme de la nourriture, et là, révélation ; sans surprise le goût est à la hauteur de l’aspect : sec, caoutchouteux, insipide. L’arme absolue pour tous ces parents hippies qui aimeraient que le fast-food soient pour leurs enfants une menace aussi efficace que les épinards ou un après-midi chez leur oncle câlin.
J’aurais pu y retourner pour faire un test plus scientifique ou pour prendre une photo illustrative, mais je suis pas critique gastronomique et je le ferai le jour où vous me paierez les produits que je teste parce que 2,90€ ça fait quand même 1900 ancien Francs, ce qui vous fait douter de la déduction faite dans l’intro mais que vous avez déjà oubliée à force de lire des phrases de plus de trente mots singulièrement pauvres en virgules.
Ce test me plonge aussi dans une réflexion sur moi-même ; j’ai voulu essayer le poisson chez KFC alors que je n’ai jamais eu l’idée de prendre un filet-o-fish chez McDo. Je suis un fashionista.
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