Les soirées à la maison #2 : la fête

7 juillet 2012 by Guillaume

Bouteilles de piètre qualité récoltées au fil des soirées

Voilà, vous avez envoyé les invitations la semaine dernière, tout s’est passé comme je l’avais prévu, et maintenant vous êtes seul(e) chez vous, fraîchement épilé(e), à attendre que la fête commence.
Sur les 50 personnes invitées, 5 ont répondu oui et 5 ont répondu non, vous laissant espérer entre 5 et 45 participants. Vous avez passé l’après-midi à faire des courses – quelques pizzas surgelées, voire un seau de tarama pour les gourmands, et toutes sortes de bouteilles – puis vous avez poussé les meubles, préparé une playlist et posé un marqueur à côté de la pile de gobelets.

À présent il est 21h20, le guacamole commence à noircir et toujours personne n’est arrivé alors que vous aviez invité pour 20h. Pourtant cet après-midi vous avez reçu des messages pour vous demander l’adresse et le code, que vous aviez pourtant précisés par mail, sms et Facebook malgré mes conseils. Vous commencez à envisager de vous servir une troisième vodka-pamplemousse quand finalement la sonnette retentit enfin.

Vous ouvrez la porte, et vous tombez sur Machine, la copine d’un ami, que vous avez aperçue deux fois et que vous avez invitée pour des raisons "politiques". Elle fait partie du quota qu’on invite par obligation parce qu’ils se trouvent bêtement là au moment où on parle de sa soirée, ou parce qu’ils font partie d’un "groupe d’amis" indissociables. Les plus futés se rendent compte que c’est une invitation par politesse, et déclinent donc par retour de politesse, mais la plupart ne sont pas futés ; c’est pour ça que vous ne vouliez pas les inviter et c’est aussi pour ça qu’ils ne l’ont pas compris et viennent, moins en retard que les autres qui plus est.

Vous voilà donc en tête à tête avec Machine, en train de chercher son prénom et un sujet de conversation. Elle a aimablement apporté une bouteille de vin rouge (la première d’une longue série) mais elle va vous demander des mojitos toute la soirée, ce qui pourrait être un excellent sujet de conversation. Mais le risque que Machine termine avec deux pailles enfoncée dans l’œsophage par lesquelles vous tenterez de vider son Côte du Rhône est trop important pour risquer de tâcher votre moquette.

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Ce message a interpelé vos invités à coup sûr!


Machine vous raconte en détail ses études de musicothérapie puis finalement, vers 22h, les vrais invités commencent à arriver en même temps que les sms de désistement. Presque tout le monde a apporté une bouteille, l’occasion pour vous de constituer une vraie petite cave à vin avec du rouge qui tache, Bouteilles de piètre qualité récoltées au fil des soirées du rosé inexportable car considéré comme arme chimique, et du blanc assez acide pour détacher les murs du sang de Machine, qui s’appelait finalement Justine et dont ses amis se demandent où elle peut être, elle qui est d’habitude si ponctuelle.

La soirée finit par s’animer un peu et les groupe à se former : les fumeurs à la fenêtre qui jettent leurs mégots sur le balcon du voisin, les asociaux qui ont réussi à former physiquement un cercle fermé, et les collègues de travail qui ont accompli virtuellement la même chose en parlant exclusivement de leur chef et de l’augmentation des tickets resto.

Vous vous affairez à remplir les verres d’ingrats qui se plaignent du manque de place de parking dans votre quartier, quand sournoisement quelqu’un s’approche de votre PC (chaine HiFi si vous êtes vieux, Mac si vous êtes gay). Si vous n’agissez pas très vite, il va bientôt ouvrir Deezer et passer ce qu’il prend pour du bon goût si universel qu’il se permet de l’imposer aux autres chez eux. Il n’y a pas une seconde à perdre : gardez pour plus tard le comprimé de GHB réservé à Camille (ça agit vite, surtout à cet âge là) et envisagez une des parades suivantes en fonction de la configuration de votre logement :
Débrancher l’ADSL : efficace mais difficile à faire discrètement. Vous expose à ce que le DJ improvisé sorte son iPhone et ses 64Go de MP3 qui justifient à eux seuls l’interdiction de la musique par les talibans.
Couper le disjoncteur : trop facilement réversible, sauf si vous le faites en collant le visage trempé d’un invité sur la tableau électrique. N’oubliez pas de toujours porter des bottes en caoutchouc en soirée.
Faire un AVC : solution extrême. À réserver en cas de karaoké.
Expliquer calmement à l’individu que vous êtes chez vous, et qu’un connard qui a apporté une bouteille de Malibu Coco n’a pas à vous imposer du Rihanna. Un accident domestique est si vite arrivé.

3 pouces, bien mais pas top.
Au fond, l’idée de faire une soirée est très plaisante mais elle est souvent entachée par un élément imprévisible : les invités. Comme les moustiques, ils sont nuisibles mais pourtant indispensables à la chaîne alimentaire, et il faut s’assurer qu’ils ne soient pas vecteurs de maladies contagieuses. Si vous considérez que vos contemporains ne méritent pas que vous vous donniez ce mal, je vous suggère de boire seul chez vous, ce qui est une forme de fête à la fois économique, facile à organiser et à priori moins salissante.


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