Je ne vais pas parler de Facebook en soi, un bien vaste sujet que j’aurai le temps d’aborder plus tard, mais uniquement des Facebook freaks. En Français on dit "acharnés du trombinoscope", ce qui explique pourquoi les Beach Boys se sont mieux exportés que la Compagnie Créole.
Partons d’un principe acquis : on peut vivre sans Facebook. Quand je dis vivre, j’entends par là que le cœur continue à battre mais c’est à peu près tout. Dans ce monde dirigé par Marc Zuckerberg (qui vous espionne en ce moment grâce au bouton "j’aime" juste à droite) il devient vite handicapant de ne pas être sur le réseau social : plus d’invitations aux soirées, plus de nouvelles de vos amis qui ont perdu votre email depuis qu’ils utilisent la messagerie Facebook… Bref, l’isolement.
Tel l’arme atomique, Facebook est un outil merveilleusement pratique qui peut hélas être mal utilisé. Et c’est malheureusement de plus en plus le cas, les utilisateurs névrosés faisant fuir les personnes saines, un peu comme dans les maisons closes. Une analyse poussée m’a amené à distinguer trois catégories de Facebook freaks qui peuvent cependant se recouper.
Les quémandeurs d’attention sont ces gens qui non seulement veulent vous raconter leur vie en détail de manière obscène, mais voudraient surtout que ce soit à votre demande. Leur objectif est d’être le plus énigmatique possible dans leur statut, de susciter le questionnement et d’attendre d’avoir un bon nombre de réactions interrogatives avant de répondre, ou pas. Les stratégie sont plus ou moins fines, de "J-10" à "trop c trop" en passant par "ne va pas fort".
Donner à un chien quand il saute sur la table, c’est l’encourager dans son vice. Pour ces gens là c’est idem : il ne faut donc jamais leur répondre et l’humiliation qu’ils subiront quand personne ne voudra savoir pourquoi ils écrivent "j’ai hâte" leur fera passer l’envie de racoler si bassement.
Les posteurs compulsifs semblent parfois vouloir faire exploser Facebook en le remplissant trop, comme on le ferait avec… non, rien. On les reconnait à leur profil rigoureusement renseigné avec leurs préférences sexuelles, leurs opinions politiques, l’intégralité de leurs études, parcours professionnel et CV amoureux. Ils ne peuvent se rendre nulle sans s’y tagger (et vous aussi si vous les accompagnez), ils vous saturent de photos des tous les lieux où ils sont, de ce qu’ils mangent, sans se rendre compte de la futilité de leur vie qu’ils voudraient secrètement que vous enviiez. Comme les premiers, ne réagissez-pas, désabonnez-vous de leurs mises à jour.
Les partageurs sont au dessus de tout ça. Pas très friands d’infos sur leur vie privée, ils préfèrent partager des moments de bôôôôôôôté pure comme dix photos de voie lactée ou des citations de Paul Éluard. Ils font aussi tourner les épisodes de Bref pour ceux qui ne connaitraient toujours pas en 2012, et mettent un point d’honneur à toujours être les premiers à annoncer le décès des célébrités. Ils ont le mérite d’être moins impudiques que les deux premières catégories, mais vivent dans l’illusion qu’ils sont originaux parce qu’ils s’approprient ce qu’ils diffusent, et il est vite agaçant d’avoir dix amis qui partagent exactement les mêmes liens. Heureusement que maintenant Facebook agrège tout ça en une seule actualité.
Par définition, quand je vous dis que je vais parler de freaks, faut pas s’attendre à une bonne note :
Si vous avez pris des trucs pour vous, ne vous dites pas que je suis méchant, mais plutôt que je vous offre une opportunité de corriger votre personnalité déviante. Ne me remerciez pas.