300 jours aux USA

2009

J25 - Y'a pas d'mal à s'faire du bien

4 novembre 2009

Aujourd'hui, pour fêter dignement (j'entends pas là seul comme un chien) mon premier mois de chômage non indemnisé, je me suis fait livrer une pizza commandée sur internet. Ne pas savoir quel pourboire donner au livreur m'a permis de découvrir un site fabuleux :
Pizza Driver Homepage (tipthepizzaguy.com)

Dans cette mine d'informations sur l'univers de la livraison de pizza, on apprend que ce métier "est considéré comme une profession à risques par le gouvernement américain. Les livreurs sont les troisièmes plus exposés aux meurtre dans leur travail après les policiers et les chauffeurs de taxi."

Je ne mets pas ça en doute mais si on en croit CNN la profession globalement la plus dangereuse reste bûcheron avec 104 morts en 2002. Fascinant non ?

J26 - Colocation à LA

5 novembre 2009

C'est vrai, je vis avec des Japonais absents, dans un loft avec des mini-murs en carton, sans gaz ni eau chaude (jusqu'à ce matin, youpi!), dans un quartier sordide. C'est vrai, j'ai dû attendre le départ de Ai pour récupérer une lampe et un oreiller qu'elle avait laissés, ce qui m'évitera de continuer à dormir la tête sur un pull roulé en boule. Ça fait pas vraiment rêve américain tout ça, mais il faut quand même relativiser. Non, je parle pas de l'armée de clodos dans ma rue, eux ça va ils ont leurs caddies ; je pense plutôt aux colocataires qui ont encore moins de chance que moi. Ou qui sont encore plus cons ou désespérés.

J'ai vu pas mal des annonces pourries ou déjantées sur Craigslist. D'abord en cherchant un logement avant de partir, puis après être arrivé dans ce taudis - jusqu'à ce que je me résigne à accepter mon destin. Et comme aujourd'hui je n'ai une fois de plus rien fait, je vous offre une petite sélection des différents types d'annonces de colocation qu'on peut trouver à Los Angeles.

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J27 - Visite guidée

6 novembre 2009

Hier, je vous ai démontré qu'il pouvait y avoir pire que chez moi comme endroit où vivre, sans parler de Guantanamo. Mais finalement, à part la photo foireuse du jour de mon arrivée et le fait qu'il n'y ait plus eu d'eau chaude ni de gaz pendant presque une semaine, mes conditions de vie restent un mystère que le public veut percer. Promis, d'ici quelques jours j'essaie de FAIRE vraiment un truc pour avoir quelque chose de plus concret à raconter que mon appart et les pizzas que je mange.

Vue d'ensemble de mon loftVue d'ensemble. Si vous aviez du mal à imaginer le concept de la chambre de 2x8m avec des murs en carton, voilà qui devrait rendre les choses un peu plus concrètes. Je ne comprends pas pourquoi il y a tous ces angles droits et ces recoins, mais mes colocataires sont étudiants en architecture donc il doit y avoir une raison. J'ai pas dit une bonne. En tout cas le 4ème couloir chambre tout à gauche est inoccupée mais personne ne juge utile de profiter de cet espace.

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J28 - Lost in translation

7 novembre 2009

Hier soir, j'ai pris l'apéro avec un de mes colocataires. Il m'a servi des cubes de fromage dur et tout sec, un peu dégueu, mais qui faisaient passer le goût du Chardonnay californien à 2$, une immonde vinasse qui pique et que je n'utiliserai même pas en cuisine. Mais comme on dit c'est l'intention qui compte et elle était louable.

Il m'a parlé de Los Angeles qu'il déteste et de Paris qu'il adore - ce qui m'a bien aidé à avoir le moral et de la motivation - et m'a proposé de venir à la soirée Japanese food qu'il faisait le lendemain (c'est à dire aujourd'hui, suivez !). Tout heureux d'avoir l'opportunité d'entrer en communication avec d'autres êtres vivants et de manger japonais j'ai dit "banco".

Il m'avait pas précisé, ou alors j'avais pas compris, ou alors j'avais trop absorbé de sulfates dans le pinard, en tout cas ce n'est qu'en le voyant arriver avec des sacs de courses et deux autres Japonais que j'ai compris que la soirée se passait chez nous. Après m'avoir présenté ses amis dont j'ai oublié le prénom avant même de lâcher la main, il m'a envoyé chercher du vin avec l'un d'eux au Little Tokio Market Place, où on peut trouver plein de produits très intéressants pour peu qu'on soit capable de lire les étiquettes. J'ai donc acheté un Sauvignon à 6$ histoire de pas m'empoisonner comme la veille et on est rentrés pour préparer le repas.

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J30 - J'ai rencontré Big Brother

9 novembre 2009

Le truc sympa avec mon pote Parrish, c'est qu'il me montre plein d'endroits et de gens que je n'aurais pas vu autrement. Le truc moins sympa c'est que je sais jamais ce qu'on va faire.

Déjà au téléphone je saisis pas tout ce qu'il me dit, ce qui m'amène parfois à accepter des invitations sans vraiment les comprendre. Ni même comprendre que j'ai accepté quelque chose. En vrai je le comprends mieux mais il ne juge pas toujours utile de m'informer de ce qu'on fait ni d'où on va. Et comme je ne reconnais rien dans cette ville idiote, ça ne me donne pas beaucoup d'indices. Donc quand il vient me chercher (puisque j'ai toujours pas de voiture pour l'instant) je sais jamais si je vais rentrer dans l'heure ou tard dans la nuit.

Ce soir, il m'a appelé pour me proposer de hang out, ce qui reste assez vague, mais j'ai dit oui parce que de toutes façons il fallait que je laisse mon PC tourner pour mettre en cache les épisodes des Simpsons sur Rutube, le Youtube russe un peu plus lent mais beaucoup moins regardant sur les droits d'auteur. Il est donc passé me prendre vers 16h et on est partis chez un de ses potes pour boire des coups.

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J31 - Plongée chez les CSP+

10 novembre 2009

Si vous avez bien suivi hier, vous devriez vous souvenir que j'ai accepté d'aller à une soirée sans trop savoir ce que c'était. Eh bien ! C'était fort intéressant d'un point de vue... ethnologique.
Dès le début je me doutais que ça serait pas trop mon truc ce French Tuesday, puisqu'on m'avait dit de mettre une chemise, et qu'on me prêterait un gilet. Oui, vous avez bien lu, pour améliorer mes chances d'entrer j'ai du mettre un gilêêêêt. Je sais pas ce qui me dégoûte le plus chez le type qui m'a emmené là : son degré de compromission pour entrer dans cette soirée ou bien son mauvais goût vestimentaire.

- Là je fais une pause dans mon récit parce que mon colocataire est en train de manger très bruyamment à côté, démontrant une fois de plus la longueur d'avance du peuple français en ce qui concerne la classe et l'élégance -

Comme prévu on se sape comme des crétins pour aller à cette soirée très select. Tout ça pour s'enfiler une bouteille de pinard et des bières dans la voiture pourrie de mon pote avant de nous rendre à l'hôtel où a lieu la fête. Mais je suis invité donc je ne fais pas d'ironie.
Par je ne sais quel miracle on se retrouve à l'intérieur en grillant toute la file alors qu'il y a une guest list. Et là on arrive dans un style d'endroit où j'ai pas trop l'habitude de picoler :

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J32 - Enfin motorisé

11 novembre 2009

Depuis le temps que j'en parle, il fallait bien que je me dote d'une voiture dans cette ville pas du tout optimisée pour les piétons. J'ai longtemps hésité entre la location longue durée (qui me permettrait de m'enfuir facilement quand j'en aurai marre de ce pays de tarés) et l'achat d'une épave, puis je me suis décidé pour la dernière solution. Je vais donc enfin pouvoir participer à l'effort national en vue de détruire la planète.

J'ai mis du temps à me décider à cause de mes dernières expériences de possession de véhicules à moteur. A une époque je me suis dit qu'il serait bien pratique d'avoir un scooter pour aller travailler à 5h du mat. J'ai donc acheté un 50cm3, du genre de ceux avec un moteur de tronçonneuse, et j'avoue que je me suis bien fait plaisir. Jusqu'à ce que je serre le moteur trois semaines après parce que j'avais pas mis d'huile. Mais je suis quelqu'un qui apprend de ses erreurs et j'ai racheté un autre petit scooter. Que j'ai serré encore plus rapidement à force de rouler à 70km/h sur les quais alors que c'est pas prévu pour, surtout quand c'est vieux.
Donc l'idée d'acheter une voiture ne m'enchantait pas des masses, mais il a fallu m'y faire.

Ma caisseÉvidemment j'ai pas acheté une voiture très luxueuse. D'ailleurs, d'après le taux de cours actuel du dollar, elle vaut à peine plus que les scooters que j'ai détruits. 1219$, tous frais et taxes compris. A ce prix là j'ai une magnifique Toyota qui a été mise en circulation alors que je rentrais en CM1, et qui a déjà parcouru l'équivalent de six fois et demie le tour de la terre. Je passe en plein phares quand je mets mon cligno à gauche, je dois rentrer par la porte passager et il n'y a pas de rétro à droite - pratique dans une ville quadrillée de freeways - mais je l'aime bien et si elle ne me lâche pas pendant mon séjour ici, on va bien s'entendre.

Prochaine étape : obtenir mon permis de conduire californien, théoriquement indispensable quand on est résident.

J33 - Downtown art walk

12 novembre 2009

Après la soirée couchsurfing, la soirée d'Halloween et la soirée en gilêêêêêt, voici un nouveau style : la soirée culturelle. Tous les deuxième jeudi du mois, dans Downtown, il y a ce qu'ils appellent un "Art Walk". Les gens sont dans la rue (mais ils restent sagement sur les trottoirs, c'est pas la fête de la musique non plus !) et vont de galerie d'art en galerie d'art pour admirer les œuvres de leurs contemporains. C'est marrant parce que ça ressemble pas à Los Angeles de faire ça, c'est plutôt une idée que j'aurais imaginée à Paris, dans des arrondissements à un chiffre.

Mais il faut être honnête, c'est surtout un prétexte pour picoler. D'ailleurs, tout est un prétexte pour picoler. La plupart des gens que j'ai rencontré jusqu'à présent ont un rapport un peu étrange à l'alcool. Comme mon pote Parrish qui picole avec moi dans sa voiture avant d'aller en soirée. Je veux bien qu'on soit fauché, mais on peut se respecter quand même. Et puis les autres aussi qui "need to get drunk". Je pense qu'en fait comme on leur interdit (même s'ils le font) de boire avant 21 ans, ils ont besoin de se rattraper par la suite. C'est sûr que chez nous, quand tu t'es saoulé aux ferias depuis tes 16 ans, tu passes aux choses sérieuses et tu sais boire comme un adulte après : au resto, en faisant passer ça sur des notes de frais.

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J34 - Nouvelle soirée culturelle

13 novembre 2009

Je suis sûr que ça va vous décevoir, mais je suis allé à une soirée et je me suis pas fait chier. Ah, ça vous embête, pas vrai ? C'est sûr que c'est plus marrant d'aller sur viedemerde que de lire l'histoire d'un mec qui passe un bon moment. Vous préférez quand je souffre, hein ? Bande de charognards !

Pancakes & Booze #7Donc ce vendredi soir, je me suis rendu à une soirée, une fois de plus avec des couchsurfers et amené par Parrish. Le concept rejoint un peu celui d'hier, à savoir que ça se passe dans une sorte de galerie d'art (mais j'ai compris par la suite que c'était un loft) et l'intitulé de la soirée est "Pancakes & Booze Art Show" ce que google traduit par "Exposition d'art crêpes et boisson alcoolisée". Enfin vous voyez quoi. Donc on paye 5$ pour rentrer et manger des pancakes en veux-tu en voilà, et boire des bières en veux-tu, 5$, en voilà. Puis on regarde les tableaux, pas dégueu par ailleurs (je veux bien qu'on m'en offre un de Marie Barr) et on discute avec des gens un verre à la main.

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J35 - Oracle

14 novembre 2009

Étant à nouveau dans une galerie à manger du fromage et à boire du vin (régime idéal quand on se lève à 11h et qu'on ne fout rien de ses journées) entouré d'artistes prometteurs, j'ai rencontré un vieux photographe autrichien fumeur de haschisch, immigré aux États-Unis dans les années 60.

Ce qu'il m'a dit en gros c'est "Si c'était à refaire je resterais en Europe. Pour toi il est encore temps, ne t'installe pas ici. De toutes façons ce pays est en train de s'écrouler".

Amen.

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